Bonjour à tous ! C’est déjà la quatrième lettre que je vous envoie. Le temps passe vite, la routine s’installe et j’ai beaucoup d’idées pour les prochains articles que je vais écrire. Et pourtant, je bouscule déjà mon calendrier éditorial puisque la lettre que vous allez lire aujourd’hui n’est pas celle qui était prévue. La raison est simple : elle s’inspire directement de ce qu’il s’est passé pour moi la semaine dernière !
Si ça se n’était produit qu’une fois, j’aurais pu ne pas y prêter attention (je suis parfois un peu têtue, je ne vois pas toujours l’évidence sous mon nez). Mais j’ai eu la chance que cela arrive deux fois sur deux jours d’affilée ! Il ne m’en fallait pas plus pour commencer à réfléchir puis à tirer des conclusions sur cette expérience.
Mais que s’est-il passé, Cyrielle, me demandez-vous sans doute, frustrés de mes mots sibyllins. Eh bien, la semaine dernière, par deux fois, j’ai tenté de trouver des solutions à un problème en m’acharnant et, par deux fois, j’ai échoué. Ce n’est pas l’échec en lui-même qui m’a poussé à me questionner, mais bien le fait que les solutions aux problèmes me soient apparues comme une évidence après un temps de repos.
Quand une pause s’impose…
Ce qui est intéressant, c’est que les deux problèmes n’étaient pas du même ordre : le premier était une question de logique avec la création de conditionnelles pour un formulaire informatique et, le second, une tâche créative avec le graphisme d’une affiche promotionnelle (en dehors de mon travail d’autrice, je bosse dans la comm’ pour ceux qui auraient oublié). Mais bien que les deux problèmes soient différents, la solution était la même : accepter que je n’y voyais plus clair et qu’une petite pause me ferait du bien.
Cette réalisation m’a poussée à faire le parallèle avec mon écriture. Spoiler alert : je n’ai pas beaucoup avancé sur mes projets ces derniers temps. Moi qui suis une routine stricte d’écriture journalière, j’ai complètement lâché le clavier pour me consacrer à d’autres activités (comme le binge-reading). Je m’en sentais coupable et, pourtant, j’étais incapable de m’y remettre.
Mais la semaine dernière, grâce à mes deux problèmes, j’ai eu l’illumination qui m’a fait abandonner cette culpabilité. Non, je ne suis pas paresseuse. Non, je n’ai pas arrêté définitivement d’écrire et, oui, je vais parvenir à m’y remettre. J’ai simplement besoin de m’arrêter pour me vider la tête et recharger mes batteries.
Alors, voilà, aujourd’hui, j’avais envie de vous dire de faire une pause et c’est pour ça que j’ai bousculé mon planning !
Le repos du héros
Même dans la littérature, il y a des moments de pause. En fantasy, après une défaite ou avant une grande bataille, les protagonistes prennent le temps de se reposer, de faire un bilan, de préparer un plan d’action…
Une intrigue est toujours rythmée par deux types de temps forts : des moments d’action qui sont suivis de moments de réflexion et inversement. En anglais, les théoriciens de la narration1 parlent de scenes et de sequels. La traduction du premier est évidente pour les francophones : on parle de scène. Ces scènes sont les temps d’action du récit. Dans chaque scène, le protagoniste a un objectif qu’il ne peut pas atteindre facilement, car il y a un conflit et cela conduit à un désastre. L’exemple le plus évident est la scène de scène de bataille où le héros finit blessé. Mais le conflit n’a pas forcément besoin d’être aussi évident. En romance, par exemple, cela pourrait être un rencard avec l’être aimé qui ne se passe pas aussi bien que prévu.
Chaque scène est suivie d’une sequel. En anglais, ce mot signifie « suite », « conséquences », voire même « séquelles » (et si on repense à notre pauvre héros blessé dans la bataille, on comprend aisément pourquoi). Comme les scènes, chaque séquelle est décomposée en trois temps. Le protagoniste réagit au désastre qui vient de se produire. Il fait ensuite face à un dilemme : comment va-t-il surmonter ce qui vient d’arriver ? Enfin, il prend une décision et cela mène à une nouvelle action… et donc à une nouvelle scène et ainsi de suite jusqu’à avoir écrit un roman entier !
Vous l’aurez compris, les séquelles, ce sont les moments de repos dans les récits. Le rythme de l’intrigue ralentit avant de repartir sur les chapeaux de roues avec une nouvelle action. Cela ne vous surprendra pas d’apprendre qu’il me faut à peu près deux fois plus de temps pour écrire une séquelle qu’une scène. Même en écriture, l’action me vient plus facilement que le repos. La faute ne se repose pas entièrement sur moi, ni sur vous. Comment ne pas se sentir coupable de faire une pause quand la société érige la productivité comme valeur fondamentale ?
Mon conseil : à bas les dictats et aux oubliettes la culpabilité ! Savourez et protégez votre repos comme le moment précieux qu’il est.
Votre aventure
Les pauses sont indispensables. La prochaine fois que vous faites face à un problème (un conflit, comme on dirait en narration) insoluble, essayez une ou plusieurs de ces propositions :
Vous (autoriser à vous) arrêter
Bouger (marche, sport, yoga…)
Dormir dessus (la nuit porte conseil)
Prendre soin de votre santé (aller boire un grand verre d’eau, par exemple)
Nourrir votre créativité
Tenter de résoudre un autre problème
Demander conseil à quelqu’un d’autre (parfois, un regard neuf, ça aide beaucoup). D’ailleurs, si vous avez d’autres pistes, n’hésitez pas à les partager en commentaire 😉
Mes histoires
Le concours Fyctia, où je présentais mon roman Le film de ma vie, s’est achevé il y a quelques jours.2 Pas de finale pour moi, mais avec un total de 1442 participations pour 5 coups de pouce, ça aurait été inespéré. Je ne repars pas totalement bredouille, car les retours des lecteurs et des éditrices sur ma romance sont très positifs. Je ne perds pas espoir que ce texte trouve un jour la maison d’édition qui lui convient 💝
En parlant de romans en vadrouille éditoriale, je vous ai dit le mois passé que mon éditeur actuel n’a pas voulu de ma romance #3. J’ai pris mon courage à deux mains et je l’ai envoyé à un autre éditeur. Wait and see…
Niveau écriture, vous savez déjà que je n’ai pas avancé sur mes projets dernièrement. Il n’empêche que j’ai participé à plusieurs événements littéraires : ateliers d’écriture, catch littéraire, concours de textes courts et Foire du Livre de Bruxelles. Ça a apporté un vent de fraicheur sur ma perspective (un peu trop focalisée sur la publication à tout prix) et m’a donné un vrai coup de boost. Moi qui me sentais incapable d’écrire de la poésie, j’ai relevé le défi et même remporté un prix ! J’ai reçu un beau colis contenant des livres, un chèque lecture et un beau sac. Je suis aux anges.
Une pause s’impose… On se dit au mois prochain ! D’ici là, portez-vous bien et n’oubliez pas les séquelles après vos scènes.
Je n’ai jamais rencontré cette notion dans des articles en français sur la narration. Je serai heureuse d’être détrompée, car apprendre la différence entre les scènes et les séquelles a beaucoup aidé à améliorer mon écriture et le rythme de mes récits.